Hommes et femmes dans l'Antiquité grecque et romaine by Sebillotte Violaine & Boehringer Sandra

Hommes et femmes dans l'Antiquité grecque et romaine by Sebillotte Violaine & Boehringer Sandra

Auteur:Sebillotte, Violaine & Boehringer, Sandra [Sebillotte, Violaine & Boehringer, Sandra]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Essai, histoire, Antiquité Grecque, France
Éditeur: Totoide - Giga (NRYX - TAZ)
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


• Justin est un rhéteur contemporain de la dynastie des Sévère, au iiie siècle de notre ère, dont on ignore à peu près tout par ailleurs : son Abrégédes histoires philippiques est avant tout un recueil de situations exemplaires destinées à nourrir les discours des futurs orateurs qu’il formait. Il est directement inspiré de l’œuvre de Trogue Pompée, un historien contemporain d’Auguste. Il ne faut pas prendre ce récit pour argent comptant : Justin expose un point de vue romain et moralisateur : les femmes n’ont pas à se mêler des affaires publiques.

• La construction du récit n’est pas sans rapport avec le schéma structurel du conte tel qu’il a été mis en évidence par V. Propp, un savant russe et l’un des pères du structuralisme : on reconnaît dans l’action de la reine et de son fils plusieurs des trente et une « fonctions » assignées par Propp aux personnages du conte populaire (transgression, persécution, information, interrogation, punition et finalement montée sur le trône, sans oublier le mariage, indiqué quelques lignes avant l’extrait choisi…). Si l’on se reportait à la totalité du récit, on reconnaîtrait sans peine la plupart des personnages types selon Propp : faux héros (la reine) et héros véritable (Grypos), auxiliaire (le dénonciateur qui avertit le roi), la princesse donnée et le roi donateur (Cléopâtre Tryphène donnée en mariage à Grypos par le pharaon lagide).

• On peut aussi voir à l’œuvre dans ce récit les ressorts de la tragédie ancienne : cette Cléopâtre n’est pas sans rapport avec Clytemnestre, celle d’Eschyle comme celle de Sénèque. Elle fournira d’ailleurs à Corneille l’argument de Rodogune. Dans l’Antiquité, l’histoire est une pratique d’écriture répondant à des règles esthétiques et narratives qui ne sont pas celles de l’histoire telle que les sciences humaines la définissent aujourd’hui. Dans ce passage, Justin met en avant des valeurs romaines comme la dignitas (le prestige et l’influence dans la société, variables selon l’ordre social auquel on appartient). Pour un Romain, le terme ne convient pas au champ de compétence d’une femme et son usage pour une femme est donc paradoxal.

• Le bilan du règne de la reine est catastrophique : il se termine sur la négation de l’ordre naturel et Grypos doit commettre le crime le plus grave dans le droit romain, le parricide, pour éviter un second infanticide et pour permettre le retour à l’ordre. C’est la condamnation absolue d’un système qui laisse une part aux femmes dans la sphère politique.

• Le récit de Justin relève d’une tradition conforme aux valeurs romaines républicaines, aussi sexiste qu’anti-orientale (d’où le fait que les hommes ne valent guère mieux que les femmes dans ces affaires). Derrière Justin, il est probable que c’est plutôt la vision de Trogue Pompée qui est à l’œuvre : celui-ci écrivait probablement un peu après l’avènement d’Auguste, à une époque où la guerre contre Cléopâtre VII d’Égypte avait provoqué un violent regain du mépris traditionnel à Rome envers les Orientaux et de la défiance à l’égard des femmes qui voudraient apparaître dans les institutions publiques.



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.